Le territoire

L’estuaire comme géographie d’exception

L’estuaire de la Loire bénéficie d’une position singulière et privilégiée sur la carte de l’Europe, au débouché du plus grand fleuve de l’Hexagone, sur la façade Atlantique.

C’est la Loire – particulièrement son estuaire – et les nombreuses voies d’eau qui ont permis, depuis 3000 ans, le développement des échanges et favoriser l’implantation des Hommes le long du fleuve puis, plus généralement, sur notre grand territoire entre Nantes et Saint-Nazaire. C’est sur ses rives, à l’emplacement stratégique de l’entrée de l’Estuaire que la cité de Nantes s’est développée, d’abord comme port et ville pont, reliant les deux rives de la Loire.

Le territoire se décline en nuances d’eaux douces et salées, entre sillon et marais. Il est marqué par l’Estuaire où se rencontrent crues et marées. C’est ici que l’influence océanique, marquée par une forte hygrométrie et de faibles amplitudes thermiques, rencontre le Massif armoricain.

Cet estuaire est l’écrin de deux entités paysagères singulières, les marais estuariens et un plateau bocager d’exception.

Entre marais et plateau

Les marais estuariens forment un ensemble de zones humides, s’étendant de la Brière au Lac de Grand Lieu en rive sud. Le niveau de l’eau y est désormais largement contrôlé par des aménagements hydrauliques. Ces grandes zones humides sont de grandes pâtures inondables, mais aussi reconnues comme vitales pour bon nombre d’espèces migratrices dont elles permettent la pause hivernale. L’estuaire – et ses marais – concentre plusieurs dispositifs de protection et représente un site de reproduction et de biodiversité reconnue d’envergure internationale. Cet ensemble est également reconnu pour sa qualité de stockage carbone d’envergure européenne, son bon fonctionnement est vital.

Le plateau bocager d’exception, situé sur un bloc basculé, est bordé par un escarpement de faille, le Sillon de Bretagne, élément topographique suspendu au-dessus de la Basse-Loire. Cette « frontière géologique », qui traverse le territoire du Pôle Métropolitain Nantes Saint-Nazaire, constitue une véritable ligne de partage des eaux où se concentrent de nombreuses têtes de bassin versant. Certains des cours d’eau qui y prennent source entaillent le Sillon et regagnent les marais de la Loire au Sud, tel le Brivet qui alimente en eau le Marais de Brière. D’autres, filent vers le Nord, à travers le plateau bocager, alimentant la vallée de l’Erdre via le Cens, le Gesvres ou la Chézine, mais aussi la Vilaine, via l’Isac, constitutif du Canal de Nantes à Brest.

Une géographie support de l’agriculture et de l’industrie

Ce territoire est ainsi le lieu de rencontre de plusieurs entités géographiques symboliques, communément marquées par une agriculture d’élevages, autour de laquelle une ruralité s’est organisée, composée de villages ou de hameaux.

Le territoire du Pôle métropolitain est aussi un mélange d’influences architecturales sédimentées au fil de l’Histoire. Les villages de pêcheurs matérialisés par les enfilades de quais s’égrènent le long du fleuve et cohabitent avec l’habitat vernaculaire ou ouvrier né de l’essor industriel ou encore vers l’océan Atlantique, l’architecture balnéaire du littoral.

Au sein des intercommunalités d’Erdre et Gesvres, Estuaire et Sillon ou Pays de Blain communauté, le maillage des villes moyennes ou plus petites participe à la vitalité d’un territoire, à l’histoire rurale caractéristique de l’ouest français, et connecté aux dynamiques urbaines et métropolitaines.

La métropole nantaise, à l’Est du territoire du Pôle métropolitain, est reconnue pour son audace et la qualité de son architecture contemporaine, notamment dans son articulation avec le vivant et la valorisation de son passé industriel. À l’Ouest, l’agglomération de Saint-Nazaire est influencée par l’activité portuaire et maritime. Ouverte sur le littoral Atlantique, elle est un territoire qui articule l’essor industriel et les activités touristiques et balnéaires, dans un cadre de vie apprécié. Le territoire est encore riche de groupements d’habitats traditionnels comme les centres bourgs, les hameaux ou l’urbanisme insulaire des marais de Brière.
Depuis moins d’un siècle, le développement industriel marque aussi fortement le paysage et participe de la monumentalité de l’Estuaire de la Loire. Les berges du fleuve jusqu’à l’océan Atlantique sont ponctuées d’appontements et de « cathédrales » industrielles qui participent d’un pan entier et stratégique de la diversité de notre économie.

Aménager avec l’eau

La vallée de l’Erdre comme la Loire, le lac de Grand-Lieu, la Sèvre Nantaise ou le canal de Nantes à Brest représentent des patrimoines d’aventures naturelles et culturelles (Biennales Estuaire, Vélodyssée, tourisme fluvial, Belvédères Eau et Paysages…) reconnus.

Le contexte de dérèglement climatique constitue une menace pour ces entités paysagères de marais et de bocage, et notamment la mosaïque de biodiversité et le stock de biomasses. L’élévation du niveau marin, le risque de salinisation des marais, la fluctuation importante de la ressource en eau (crues en hiver et sécheresses en été), impacteront particulièrement les zones humides, support de l’agriculture et garantes de l’adaptation du territoire au changement climatique via leurs services écosystémiques.

Ces mutations en cours engagent et impliquent le territoire du Pôle Métropolitain Nantes Saint-Nazaire à devoir repenser l’aménagement de son territoire au regard de sa capacité d’adaptation et d’anticipation face aux effets du dérèglement climatique, comme la gestion de l’exposition aux risques d’inondation et de submersion (des populations, des activités économiques comme des infrastructures urbaines et industrialo-portuaires).